Esomar vient de publier mi-juin 2024 la version française de ses 20 questions pour aider les acheteurs de service basés sur l’Intelligence Artificielle pour les études de marché et insights. La version originale anglaise, sortie en mars, est déjà l’un des documents les plus consultés du site de l’association internationale des professionnels des études, insights et analytiques. Philippe Guilbert, qui a participé au document et revu la traduction française pour Syntec Conseil et Esomar, répond à nos questions dans ce nouveau Le saviez-vous.
MRNews : A qui s’adresse ces 20 questions IA ?
Philippe Guilbert : Comme l’indique le titre très long du document, ces questions sont destinées à aider les clients à obtenir plus de transparence sur les offres intégrant de l’IA. Cela concerne donc le client final d’une étude qui cherche à mieux comprendre et comparer les offres de plusieurs sociétés d’études, mais aussi les sociétés d’études qui veulent mieux savoir comment l’IA est intégrée chez leurs fournisseurs potentiels. Enfin, les sociétés d’études et leurs fournisseurs peuvent aussi directement proposer leurs réponses à ces 20 questions : ces réponses peuvent être publiées sur le site Esomar, de la même manière que les réponses aux 37 questions sur les échantillons online (cf. la rubrique « Le saviez-vous » #8 sur ce sujet). Bref, tous les acteurs des études sont concernés par ces 20 questions Esomar !
Accéder ici au document Esomar > 20 questions pour aider les acheteurs de services basés sur l’Intelligence Artificielle dans le domaine du market research et des insights
Quelles sont ses spécificités parmi toutes les publications Esomar sur l’IA ?
PG : Le secteur des études est profondément bouleversé par l’IA depuis plusieurs années, et l’IA générative renforce ses possibilités d’utilisation dans les enquêtes et analytiques. Esomar a créé une task force dédiée à l’IA qui organise régulièrement des webconférences (cercles de la communauté) et publie des liens avec des articles, prises de position et sites sur le sujet. Mais ces développements technologiques sont souvent trop récents et évolutifs pour que des normes puissent être définies. Les pratiques et les avis d’experts divergent actuellement trop pour définir un consensus de bonnes pratiques. Le comité des standards professionnels Esomar a donc choisi de définir les questions clés pour mieux comprendre la diversité des utilisations de l’IA et leurs limites éventuelles. Ces 20 questions IA ne cherchent donc pas à dire « comment faire » mais plutôt à poser les bonnes questions, même s’il n’existe pas de bonne réponse unique aujourd’hui. Ces questions IA sont certainement appelées à être régulièrement mises à jour.
Quels sont les principaux domaines abordés par ces questions IA ?
PG : Le document est composé d’une partie sur le profil du fournisseur (expérience, domaines d’application de l’IA, problèmes rencontrés), suivie par les pratiques IA (finalités, modèles, résultats), puis la confiance/éthique et transparence, avant d’aborder la supervision humaine et enfin la gouvernance des données. Même si ces questions visent à traiter l’ensemble de l’IA, sans focus sur les dernières méthodes ou technologies, j’ai insisté pour que l’IA générative et la synthetic data soient abordées : merci au groupe de travail de les avoir incluses en Question 7 !
Pourquoi une Version Française de ce document alors que les traductions automatiques sont facilement accessibles ?
PG : Effectivement, je me suis aussi posé la question quand Esomar m’a demandé de relire une traduction réalisée grâce à l’un des principaux outils de traduction automatique. J’ai constaté de nouveaux progrès, mais plusieurs limites demeurent. C’est toujours le cas pour le vocabulaire spécialisé, important dans les études et l’IA, et la cohérence des traductions : des mots et expressions peuvent être traduits différemment dans le même texte, ce qui comporte de gros risques de compréhension. Par exemple, MUST et SHOULD ont des significations très différentes dans les documents Esomar : le premier se traduit par DOIT pour désigner une obligation, alors que le second se traduit par DEVRAIT pour désigner une recommandation. L’intervention humaine est encore nécessaire en matière de traduction pour éviter les contre-sens et parties incompréhensibles, ce qui souligne l’importance des questions IA 10 à 12 sur la supervision humaine ! Mais si le guidage humain se renforce dans la traduction automatique (fonction Glossaire, bases d’apprentissage…), je serai ravi de me contenter d’une simple relecture… Dans tous les cas, j’espère que cette VF permettra à ce document fondamental de toucher davantage de personnes !
Pour en savoir plus
20 questions IA Esomar (VO, VF…) : https://esomar.org/20-questions-to-help-buyers-of-ai-based-services
Esomar IA Task Force : https://esomar.org/guidance/navigating-the-future-of-insights
#11 Le saviez-vous ? DIY, automatisation, ChatGPT : https://www.mrnews.fr/2023/12/12/diy-automatisation-chatgpt-technologie-et-etudes-marketing/
#8 Le saviez-vous ? Questions avant d’acheter un échantillon online : https://www.mrnews.fr/2021/05/17/8-le-saviez-vous-quelles-questions-poser-avant-acheter-echantillon-online/
POUR ACTION
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