Qui est donc Nikki Lavoie, aujourd’hui candidate pour la présidence d’Esomar sur la mandature 2023-2024 ? Quel est son parcours, quelle est sa vision des priorités pour la plus grande organisation mondiale du market research ? Quel style de présidente souhaite-t-elle être ? Et quel lien entend-elle établir avec la communauté française ? Ce sont les questions auxquelles elle nous répond dans cette interview qu’elle nous a cordialement accordée (de même qu’Alain Mizrahi, également en lice dans cette élection), à quelques jours de la clôture du vote qui interviendra ce 25 octobre. Bonne lecture, et que le – ou la – meilleur(e) gagne !
MRNews : Vous êtes candidate à la présidence d’Esomar Monde pour la mandature 2023-2024. Qu’aimeriez-vous que nos lecteurs retiennent en priorité de votre parcours et de votre personnalité ?
Nikki Lavoie : La première chose, et peut-être la plus essentielle, c’est que je suis une Américaine en France, à Paris qui plus est ! C’est une composante clé de qui je suis, une évidence qui laisse cependant la place à beaucoup de nuances dans la façon de le vivre et de l’exprimer. Pourquoi est-ce important ? Parce qu’après avoir vécu près de 12 ans en France et avoir récemment obtenu la nationalité française, je peux dire – et aussi démontrer – que j’ai choisi la France comme étant mon « chez moi », physiquement et culturellement.
Il y aura toujours des parts de moi qui seront « mixtes » pour ce qui est de ma culture. Mais j’ai grandi — professionnellement — en France, et cela m’a permis d’apprécier profondément le processus intellectuel, les fondements des études de marché en France et à travers l’Europe. Et aussi d’avoir un œil sur ce qui sera déterminant dans l’avenir. J’ai lancé et vendu une entreprise ici, en France, et je crois que ma personnalité “exploratrice” m’a aidé à naviguer et à composer ce trajet unique.
Vous avez évoqué ici vos orientations clés (voir Presidential Nominées / Nikki Lavoie). Quelles sont celles qui vous tiennent le plus à coeur ?
Bien sûr, tous les points que j’ai soulignés dans ma déclaration de candidature sont importants pour moi. Cependant, si je devais en choisir un seul sur lequel me concentrer, si je suis élue Président d’ESOMAR, ce serait certainement l’attraction de nouveaux talents dans notre industrie. Tant de fois nous nous entendons décrire comment les gens sont « arrivés par hasard » dans les études de marché. Nous savons que ce métier est important, voire nécessaire, en plus d’être amusant, épanouissant et engageant. Alors pourquoi n’apparaît-il pas comme une vraie orientation ?
« Tous les points que j’ai soulignés dans ma déclaration de candidature sont importants pour moi. Cependant, si je devais en choisir un seul sur lequel me concentrer, si je suis élue Président d’ESOMAR, ce serait certainement l’attraction de nouveaux talents dans notre industrie. »
Nikki Lavoie
En tant que carrière, nous avons beaucoup à offrir. Notre travail favorise la créativité, la réflexion stratégique, une compréhension approfondie des objectifs commerciaux, de l’intelligence émotionnelle et de nombreuses autres compétences qui peuvent élargir nos horizons et générer des opportunités. Mais plus que cela, je crois que nous sommes à un tournant (avec l’importance clé des enjeux de « sustainability », la montée en puissance de l’UX, etc.), où l’« human centricity » sera absolument vital pour la santé et la survie de toute entreprise.
Mais ce n’est pas tout ! C’est en attirant de nouveaux talents dans notre domaine que nous continuerons d’être des partenaires pertinents et stratégiques pour nos clients. Attirer de nouveaux talents — et pas seulement les jeunes ! — va au-delà du simple apport de nouvelles idées. Cela nous permet d’évoluer et de nous adapter : nous devons rester représentatifs du monde si nous prétendons comprendre celui-ci.
« Attirer de nouveaux talents — et pas seulement les jeunes ! — va au-delà du simple apport de nouvelles idées. Cela nous permet d’évoluer et de nous adapter : nous devons rester représentatifs du monde si nous prétendons comprendre celui-ci. »
Nikki Lavoie
Que faut-il prioritairement poursuivre dans ce qui a été fait par Esomar ces dernières années ?
Les présidents précédents ont effectué un travail formidable pour la réussite d’ESOMAR. Plus récemment, la présidente sortante était orientée vers l’action, et a fait en sorte que notre organisation ait les fonds pour pouvoir intervenir dans l’intérêt des professionnels du market research dans le monde entier.
Maintenant, nous devons maintenir ce qui nous permet de disposer de ces fonds, mais aussi créer un système de distribution équitable de ces ressources sur chaque marché. C’est la promotion et le soutien des acteurs locaux qui rendront notre industrie efficace à l’échelle mondiale. Pour y parvenir, nous devons nous connecter, nous inspirer et nous soutenir mutuellement au niveau local.
Que faut-il impérativement changer selon vous ?
Ce qui doit changer, à l’avenir, c’est la visibilité et la transparence du conseil. Beaucoup a été dit à ce sujet par les membres d’ESOMAR qui ont l’impression que le Conseil opère dans l’ombre. Parce que nous sommes élus, nous différons d’un conseil nommé, ce qui constitue un point important. Il est de notre responsabilité d’exploiter ce que nous savons sur les besoins des membres, de combiner cela avec notre sens aigu des affaires et de guider l’association dans son ensemble.
À ce stade, il nous manque une véritable connexion entre le conseil et les membres. Bien sûr, nous ne pouvons pas satisfaire tous les désirs et toutes les demandes. Mais nous pouvons travailler pour être plus visibles, donner plus d’opportunités d’écoute et avoir des prises de parole qui reflètent nos valeurs.
Quel style de présidente serez-vous ?
Avant tout, je compte être un président accessible. Si je suis élue, c’est parce que des membres m’ont choisi pour les représenter, et cette représentation doit être ressentie par eux.
Deuxièmement, cependant, je prévois d’être une présidente orientée vers deux axes clés : l’équilibre et l’inspiration. Pour moi, l’inspiration est le moteur qui a un impact sur tous les autres composants. Nous partageons plus, nous apprenons plus, nous grandissons davantage lorsque nous nous inspirons les uns les autres.
Mais l’équilibre est également essentiel : nous ne pouvons pas nous soutenir sans argent, et nous ne pouvons pas avoir d’argent sans membres satisfaits. La créativité — et donc l’inspiration — combinée à l’action est précisément l’équilibre que je cherche à atteindre.
Avez-vous enfin un message spécial à adresser à la communauté française ?
Il existe peu de communautés de recherche aussi fortes et influentes que celle de la France. En tant que membres de cette grande communauté, nous avons donc une grosse responsabilité. Nous ne devons pas oublier quelles sont nos racines : les fondements de l’étude qui assurent rigueur et qualité sont visiblement à l’œuvre ici en France.
Mais nous devons penser à l’avenir. Dans notre pays où les gens se mobilisent pour défendre leurs droits et leurs convictions, notre industrie doit agir en acteur responsable sur les enjeux de sustainability et d’accessibilité. Et être centrée sur l’humain. Le rôle que nous pouvons jouer est important, et j’espère que beaucoup d’entre vous se joindront à moi pour échanger, participer à la réflexion et aux actions que nous mènerons.
POUR ACTION
• Echanger avec l’interviewé(e) : @ Nikki Lavoie
• Lire l’interview d’Alain Mizrahi
• Elire vos représentants Esomar : https://esomar.org/elections
