Alain Mizrahi, candidat à la présidence Esomar Monde

« Nous devons adapter la proposition de valeur d’Esomar à l’ère post-Covid » – Interview d’Alain Mizrahi, candidat à la présidence d’Esomar Monde

19 Oct. 2022

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Qui est donc Alain Mizrahi, aujourd’hui candidat pour la présidence d’Esomar sur la mandature 2023-2024 ? Quel est son parcours, quelle est sa vision des priorités pour la plus grande organisation mondiale du market research ? Quel style de président souhaite-t-il être ? Et quel lien entend-il établir avec la communauté française ? Ce sont les questions auxquelles il nous répond dans cette interview qu’il nous a cordialement accordée (de même que Nikki Lavoie, également en lice dans cette élection), à quelques jours de la clôture du vote qui interviendra ce 25 octobre. Bonne lecture, et que le – ou la – meilleur(e) gagne !

MRNews : Vous êtes candidat(e) à la présidence d’Esomar Monde pour la mandature 2023-2024. Qu’aimeriez-vous que nos lecteurs retiennent en priorité de votre parcours et de votre personnalité ?

Alain Mizrahi : Je travaille dans le secteur des Insights depuis 33 ans, dont 26 à la tête de ma propre agence. J’ai accompagné toutes les révolutions de notre univers depuis l’époque où les études se faisaient systématiquement en face-à-face jusqu’aux sondages en ligne ou la fusion du machine learning avec l’analyse qualitative. De plus, vivant dans une région souvent sujette à des changements macroéconomiques imprévisibles, j’ai appris à réagir et m’adapter très rapidement aux périodes de crise pour les transformer en opportunités de croissance. Ma formation initiale est celle du Management. Donc, comme tant d’autres collègues, j’ai débarqué dans le Market Research par hasard… et j’y suis resté. Je suis un « vieux militant » d’ESOMAR : 26 ans en tant que membre, 16 comme Représentant en Uruguay, et 4 comme membre du Conseil dont 2 à la fonction de Trésorier. Je crois être quelqu’un de pragmatique mais non conformiste, passionné tout en demeurant cartésien, tolérant sauf pour l’injustice, transgresseur, mais toujours dans le cadre d’une éthique rigoureuse.

Vous avez évoqué ici vos orientations clés (voir Presidential Nominées / Alain Mizrahi). Quelles sont celles qui vous tiennent le plus à coeur ?

Tout d’abord, et pour reprendre une expression chère à notre ex-Président Joaquim Bretcha, nous devons continuer à jeter des ponts : vers les associations nationales du monde entier, vers les « nouveaux métiers » de notre secteur, et entre associations.

« Pour reprendre une expression chère à notre ex-Président Joaquim Bretcha, nous devons continuer à jeter des ponts : vers les associations nationales du monde entier, vers les « nouveaux métiers » de notre secteur, et entre associations. »

Alain Mizrahi

Comment ? Pour commencer, en écoutant. Nous sommes près de 7000 membres dans 130 pays, fournisseurs et clients, qualitativistes et data scientists, grandes multinationales, PME et professionnels free-lance. La diversité nous caractérise. Il y a donc d’énormes opportunités d’échanges si nous sommes capables de tenir compte des besoins de chacun sans imposer notre point de vue ni nos façons de faire. Nous devons promouvoir et soutenir des activités locales, toujours en collaboration avec les acteurs locaux. C’est cela la véritable inclusion ! ESOMAR ne doit jamais perdre de vue qu’elle n’est pas un but en elle-même, mais un outil pour aider ses membres à se développer, à étendre leur réseau, à mieux se former aux nouvelles technologies, à faire de meilleures affaires. Ce n’est pas une entreprise à but lucratif, c’est une association professionnelle pour le bien de ses membres. Elle a des activités commerciales, certes, mais dont les bénéfices doivent être reversés dans d’autres activités, moins ou pas du tout rentables mais au profit de la communauté.

Je tiens aussi tout particulièrement à renforcer l’offre de formation professionnelle dans les domaines les plus variés du Research, ainsi que les publications. Ce sont deux champs d’action d’ESOMAR qui ont pris de l’ampleur de façon naturelle pendant ces dernières années, ce qui montre bel et bien un besoin réel de la part des membres. 

Que faut-il prioritairement poursuivre dans ce qui a été fait par Esomar sur les précédentes années ?

Deux choses. D’une part, continuer la « décentralisation » d’ESOMAR. Nous avons déjà ouvert une entité aux États-Unis, et nous sommes en pourparlers pour en créer une autre dans la région Asie-Pacifique. Voilà deux actions très concrètes qui s’inscrivent dans la logique d’être vraiment une Association globale. Dans le même esprit, nous devons continuer à nouer des alliances stratégiques avec les Associations nationales plutôt que de les concurrencer.

Nous devons également poursuivre l’excellent travail que font les différentes Commissions. Et tout particulièrement le Professional Standards Committee et le Legal Affairs Committee, qui sont les garants du prestige d’ESOMAR en tant que gardiens de l’excellence professionnelle des membres et défenseurs de notre profession face aux pouvoirs politiques.

Que faut-il impérativement modifier selon vous ?

La proposition de valeur pour les membres doit changer car elle n’est plus adaptée à l’ère post-Covid. Nous disposons d’un excellent rapport, élaboré à partir d’une étude exhaustive menée sur plus de deux ans pendant les présidences de Joaquim et de Kristin, et à laquelle a travaillé un groupe de professionnels de premier ordre – dont Anne-Sophie Damelincourt et Dominique Servant. Il s’agit maintenant d’exécuter les recommandations de ce rapport en tenant compte de son diagnostic. Sans cette nouvelle proposition de valeur, ESOMAR risque de devenir rapidement une coquille vide. 

« La proposition de valeur (d’ESOMAR) pour les membres doit changer car elle n’est plus adaptée à l’ère post-Covid ». (…) Si elle ne le fait pas, notre organisation risque de devenir rapidement une coquille vide. »

Alain Mizrahi

Plus en interne, il faut donner beaucoup plus de transparence aux processus de prises de décisions, entre le Président, le Comité Exécutif, le Conseil, et la Direction. Le système de Gouvernance doit être révisé minutieusement et en profondeur.

Quel style de président serez-vous ?

J’adopterai le style qui est le mien en tant que chef d’entreprise ! Je serai très « exécutif » tout en demandant et en tenant toujours compte de l’avis des personnes impliquées. Je ne prends jamais de décisions en solitaire, je considère que le Président d’une Association n’est rien de plus qu’un « primus inter pares ». Mais je déteste me perdre dans la dialectique, la rhétorique et les discours de bonnes intentions, je fais partie de ceux qui font « avancer le schmilblick ». Le mandat est court et le monde évolue vite. ESOMAR dispose d’un staff de direction extrêmement compétent mais dont plusieurs membres clés sont depuis peu de temps dans l’organisation. Mon rôle consistera surtout à compiler les propositions des membres qui seront élus au prochain Conseil, les articuler avec les miennes, considérer les recommandations de la Direction, définir quels seront les axes stratégiques de notre mandat, et évaluer les résultats périodiquement.

Avez-vous enfin un message spécial à adresser à la communauté française ? 

J’ai un lien très fort et particulier avec la France, même si je n’y habite plus depuis longtemps. Je suis Français, fils de Français, j’ai fait mes études en France, j’y ai plusieurs de mes meilleurs amis, et je ne manque pas une occasion d’y retourner ne serait-ce que pour deux jours. Mais je me considère comme un citoyen du monde, et je parle 4 langues. Je connais les particularités de la société et de la culture françaises. Mais j’ai vécu la plus grande partie de ma vie en Amérique Latine, et mes origines familiales vont de l’Andalousie à l’Asie en passant par l’Europe Centrale et de l’Est. Cela me permet de créer des relations très rapidement avec des gens de n’importe quelle région du monde et m’adapter facilement à leur culture. Mon message à la communauté française est donc de me considérer comme un lien permanent entre la France et le reste du monde.


 POUR ACTION 

• Echanger avec l’interviewé(e) : @ Alain Mizrahi

• Lire l’interview de Nikki Lavoie

• Elire vos représentants Esomar : https://esomar.org/elections

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