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Les tendances clés pour le futur : la vision d’Ipsos France (Trend Observer 2015)

16 Déc. 2014

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Dire que nous évoluons dans une société complexe relève bien sûr du truisme. Dans ce contexte, c’est toujours une gageure que de parvenir à résumer en quelques formules et quelques mots les tendances les plus marquantes pour les mois et les années à venir. C’est néanmoins le défi que relève chaque année les équipes d’Ipsos Public Affairs, au travers de la démarche Trend Observer. Pour cette édition 2015, ce sont 6 grandes tendances qui sont énoncées par l’institut et qui s’intègrent dans une grande mutation centrale résumée sous le terme de « l’âge du Faire ». Qu’est-ce à dire ? Quelles sont donc ces 6 tendances ? Et quels défis soulèvent ces mutations pour les acteurs de notre société ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir ici.

Voulons nous en faire plus ou en faire moins ?

Pour les équipes d’Ipsos, il y a bien en effet un paradoxe majeur dans les évolutions de notre société, car si nous sommes dans l’âge du faire, il y a bien aussi un mouvement naturel de l’histoire, à l’œuvre depuis de nombreuses années déjà, qui consiste pour les êtres humains que nous sommes à faire de moins en moins de choses, en développant et en utilisant des machines ou des organisations destinées à nous simplifier la vie. La diffusion des équipements électro-ménagers, de la voiture, des hyper-marchés, puis de l’usage des ordinateurs, d’internet et de ses moteurs de recherche sont les exemples les plus emblématiques de ce phénomène, qui a toutes les chances de se poursuivre.

Mais ce mouvement de fond coexiste avec une autre tendance et une autre aspiration, de plus en plus forte et de plus en plus structurante pour notre société : celle de faire de plus en plus de choses.

Les français disent en effet de plus en plus ressentir le besoin de faire des choses par eux-mêmes. Ce « faire » est extrêmement large et se retrouve sous mille formes différentes. Faire, c’est par exemple aujourd’hui cuisiner, bricoler, faire de la couture ! Mais aussi apprendre, notamment en utilisant des tutoriels, que ce soit pour s’approprier des langues étrangères ou des techniques comme celles de la photo ou de l’informatique. Ou bien demain utiliser des imprimantes 3D, comme 41% des français en expriment l’envie. Cette envie est ainsi largement partagée : celle de créer, que celle-ci s’applique à des objets, à une activité économique, un site web, etc.

Pourquoi ce besoin de faire ?

Ce « faire » renvoie naturellement à une expansion considérable de l’univers des possibles, à l’échelle de tout un chacun, grâce au développement et à la diffusion des nouvelles technologies. Mais ce désir apparaît aussi dans une large mesure comme une sorte de réponse et peut-être même d’antidote à la complexité de notre monde. « Je comprends parce que je fais ». Ce faire s’inscrit ainsi dans le sens et dans la congruence pour des individus qui consacrent une bonne part de leur énergie à des activités qui leur apparaissent parfois comme bien inutiles.

Ce faire s’inscrit aussi dans le besoin de retrouver un contact matériel, tactile, en réaction à un excès d’immatérialité. Il se nourrit également d’un désir de se passer des intermédiaires, d’être en prise directe avec autrui. Il se connecte enfin à une envie de consommer autrement, en refusant l’obsolescence programmée et en se tournant au contraire vers des pratiques de recyclage, que ce soit pour trouver des solutions économiques dans un contexte où il est de plus en difficile de joindre les deux bouts, ou bien pour des raisons plus symboliques.

66% des français croient en la « débrouille »

Derrière les évolutions que nous venons d’évoquer, un nouvel état d’esprit s’affirme, avec un certain nombre de croyances « montantes ». Parmi celles-ci, on trouve cette idée selon laquelle la débrouille est plus importante aujourd’hui que la détention de diplômes, partagée par deux tiers des français. Une autre valeur gagne également considérablement en importance : la créativité, les français n’ayant jamais autant valorisé l’imagination comme une faculté essentielle à développer pour chacun dans le monde contemporain.

Pour les équipes d’Ipsos, ces évolutions sont déjà à l’œuvre depuis des années. Mais l’on assiste aujourd’hui à une accélération assez brutale de cette mutation, du fait donc en de la présence d’un certain nombre de tendances.

Les 6 facteurs explicatifs de l’accélération de cette mutation

1. Les progrès de la technologie et la diffusion de celle-ci mettent dans les mains des individus de plus en plus d’outils efficaces pour faire eux-même : « je fais parce que je peux faire ».

2. La complexité du monde moderne donne envie de retrouver un contrôle sur sa propre vie, avec le désir donc de trouver plus de sens, plus d’utilité à ses propres activités.

3. La défiance à l’égard des autorités et des institutions, qui incite de plus en plus les français à se débrouiller eux-mêmes, via les processus collaboratifs, et à se passer des intermédiaires dont la valeur ajoutée est insuffisamment visible.

4. La sensibilité à l’égard du gaspillage, un nombre croissant de consommateurs prenant conscience du piège dans lequel les enferme l’obsolescence programmée, et valorisant le principe du recyclage des objets et des biens d’équipement.

5. La durée de la crise économique éloigne la perspective d’un retournement économique favorable à court terme, et encourage ainsi les individus à adopter de nouvelles solutions, inspirées selon le principe du « do it yourself »

6. La dématérialisation croissante de la vie quotidienne secrète en réponse une forme de nostalgie chez les individus, qui éprouvent l’envie notamment de redécouvrir des savoir-faire en voie de disparition.

La population des « makers » ou des « manufacturers »

Face à ces évolutions, certains individus apparaissent comme étant en avance de phase, en étant en particulier plus actifs que la moyenne de la population. Emerge ainsi une nouvelle génération d’individus, les « manufacturers » d’aujourd’hui, et que l’on ne saurait réduire à une tranche d’âge particulière. Une génération plurielle, avec quelques figures emblématiques (les Wikis, les Fabers ou bien encore les 3D Printers), mais rassemblée autour de la même aspiration à changer les choses dans la société, du goût de risque et de l’effort.

Les 5 défis du futur pour les acteurs économiques et les institutions

Dans ce contexte, 5 défis semblent en effet émerger fortement pour les acteurs du monde économique, politique et social.

– Montrer : être transparent à la fois sur le pourquoi, le sens de leur action, mais aussi sur le comment et les moyens utilisés en vue de cela.

– Partager : transmettre, éduquer aux savoir-faire, favoriser l’apprentissage des techniques

– Coopérer : faire ensemble. Le risque à ne pas le faire étant, pour les entreprises et les institutions, à voir les individus coopérer entre eux, mais sans elles !

– Promouvoir un esprit de communauté : réorganiser les structures pour redonner du sens au travail, en brisant les hiérarchies impersonnelles qui empêchent les individus non seulement de se projeter positivement vers l’avenir mais, tout simplement, de comprendre les finalités de leur action.


 POUR ACTION 

• Echanger avec les interlocuteurs Ipsos : @ Rémy Oudghiri,   @ Lise Brunet

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