http://www.marketresearchnews.fr/media/catalog/product/cache/3/small_image/250x/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/b/v/bva_miser-sur-l-humain.jpg

Conférence BVA / Change : Comment miser sur l’humain ?

30 Déc. 2011

Partager

Comment nourrir la réflexion sur les évolutions les plus sensibles de notre société tout en sortant des sentiers habituels des études marketing ? C’est le challenge relevé par BVA et l’agence Change, avec cette conférence organisée le 30 novembre dernier et réunissant les clients de l’institut autour de 3 intervenants . Un philosophe (et sociologue) : Gilles Lipovetsky ; un homme d’entreprise : Vincent Prolongeau (Senior VP Pespico Fruits and Beverages) et un sportif, le coach Claude Onesta se sont succédés pour livrer leurs réponses à cette grande question.

Pour Gilles Lipovestky, miser sur l’humain relève d’un triple impératif. Il s’agit bien de s’adapter à un contexte avec sa composante concurrentielle qui, pour le monde « occidental », donne la primauté à l’innovation et à la créativité. Mais aussi de répondre à une obligation morale majeure pour la civilisation humaniste qui est la nôtre. Et enfin de faire obstacle à la toute puissance du marché et aux ravages d’un individualisme autocentré et nihiliste. Dans la lignée de ses écrits, Gilles Lipovetsky dépeint toutefois un individualisme à double face. A l’individualisme irresponsable, celui du « chacun pour soi », il oppose en effet un autre individualisme : raisonnable, autolimité, affirmant avec une force égale les droits de la personne et le respect du droit d’autrui. Un individualisme responsable en somme, la question du devenir de nos sociétés étant en grande partie soumise à l’équilibre que nous donnerons entre l’un et l’autre de ces individualismes.

Pour les entreprises, cette nouvelle culture individualiste est à la fois un défi et une opportunité. Cette culture est porteuse en effet d’un désir d’accomplissement des individus, de réussir sa vie, d’apprendre, de faire des choses qui passionnent, qui sont ainsi autant d’énergies positives. Miser sur l’humain suppose d’éviter des écueils : celui consistant à se limiter à l’incantation de valeurs, et/ou à déployer une liturgie manipulatrice et in fine contreproductive. Il s’agit bien de mettre en oeuvre une démarche très profonde, qui replace l’homme au centre de l’organisation, et nécessite des changements concrets dans l’organisation des entreprises, prenant effectivement en compte les aspirations des individus : celui de l’accomplissement professionnel, mais aussi de respecter un sain équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Gilles Lipovestsky en appelle donc à un nouveau contrat social dans l’entreprise et à un nouveau type de management. En lieu et place d’un management par le stress, place à un management laissant toute sa part au bien être au travail, à la formation permanente, à la participation, à l’écoute et l’expression des salariés, et à la promotion de la diversité et des minorités. Place en d’autre termes à un management moderne, mettant en oeuvre une synthèse intelligente entre les objectifs des entreprises et les aspirations nouvelles des salariés.

Pour Vincent Prolongeau, le rapport au temps est au coeur de la crise de l’humain. Avec la place cardinale accordée à la bourse, notre système financier focalise les entreprises sur le court terme, génère l’usage d’indicateurs déconnectés d’une création de valeur pérenne, le tout au mépris des horloges internes des organisations et des individus. Nous nous coupons ainsi de la richesse et des bénéfices de la réflexion, de la maturation : le temps de l’humain.

Force est donc de faire de l’humain un enjeu reconnu par le capitalisme moderne. En intégrant le fait que la vraie productivité ne se fait pas contre la motivation des individus, mais au contraire avec elle. En étant à l’écoute de la santé psychologique des organisations et des majorités silencieuses des entreprises. En déployant la notion d’Humain Equity, et en faisant en particulier en sorte que celle-ci soit intégrée dans les actifs des entreprises, à l’instar des marques avec la notion de Brand Equity. Et enfin en changeant les règles du système boursier, de sorte à ce que celui-ci intègre le respect du capital humain dans ses modalités de fonctionnement.

Force est enfin que les entreprises soient plus efficaces elles-mêmes dans le développement du capital humain. Ce qui suppose une double cohérence. Celle des discours avec les actes, avec la présence de leaders incarnant une vision aspirationnelle et authentique pour les collaborateurs. Celle aussi des valeurs de l’entreprise avec son business model. Il s’agit enfin de créer le socle d’un rapport social harmonieux, reposant à la fois sur des impératifs de justice et de justesse, sur la reconnaissance des individus et leur empowerment, intégrant la diversité comme une valeur, et réconciliant enfin l’individuel et le collectif.

Claude Onesta a quant à lui témoigné de son expérience. Celle de coach de l’équipe de France de Handball (côté hommes), double championne du monde, championne olympique et championne d’Europe en titre, et dont l’impressionnant palmarès s’inscrit précisément dans cette ligne de tension : comment passer d’une performance occasionnelle à une performance durable ? Pour Claude Onesta, l’originalité de la démarche qui a été la sienne et celle de l’équipe de France repose sur un principe très clair : « ne pas se contenter d’aller chercher du résultat, mais plutôt mettre en oeuvre la façon d’avoir du résultat, et ce de manière durable ». Une démarche qui s’est d’ailleurs en partie construite à partir d’une défaite « qui n’aurait pas du se produire » (contre l’Allemagne en 2007), en ceci qu’elle a imposé la nécessité d’atteindre un niveau d’excellence suffisamment haut pour abaisser significativement la dépendance vis à vis des inévitables contingences extérieures (arbitrage, salle,…). Derrière cela, il y a bien sûr une vision forte, reposant sur des impératifs d’écoute, de bien-être, de valorisation, de responsabilisation et de participation des individus. « Tout le monde s’investit, mais chacun à sa mission et sa responsabilité (…), toutes les missions particulières devant tendre vers un objectif collectif ». Mais il y a aussi un management original, aux antipodes d’un modèle dirigiste : un manager qui sait ne pas imposer ses vues, mais donner la priorité à la création d’un cadre favorable, celui qui va susciter la génération d’idées et l’expression des énergies, et en être le régulateur et le catalyseur. Un manager qui sait aussi faire avec les forces et les limites de chacun, et se servir des défaites pour aider chacun à progresser et à se dépasser.

Une synthèse plus complète des interventions est disponible sur le site de BVA / Change.


POUR ACTION


Vous avez apprécié cet article ? N’hésitez pas à le partager !

CET ARTICLE VOUS A INTÉRESSÉ ?

Tenez-vous régulièrement informé de notre actualité et de nos prochains articles en vous inscrivant à notre newsletter.