VU, LU, ENTENDU

« Démocratiser les neurosciences pour améliorer la fiabilité des études est plus que jamais notre priorité » – Interview de Candice François, co-fondatrice d’Igonogo

19 Nov. 2025

Candice François - Co-fondatrice d'Igonogo

Partager

Créée en 2021, Igonogo est parvenue à séduire le marché avec une proposition simple : compléter la donnée déclarative en captant ce que les consommateurs ne disent pas, et ce en démocratisant les neurosciences. Quatre ans plus tard, la jeune société vient de lever 4M€ et change de braquet. Candice François, co-fondatrice, nous explique comment Igonogo entend poursuivre et même accélérer sa mission au service d’une meilleure connaissance client, et pourquoi cette année 2025 marque une inflexion stratégique clé dans son développement.

MRNews : Igonogo – que vous avez co-fondée en 2021 avec Florian Loeser – a particulièrement bien réussi son lancement et son début de parcours. Vous venez même d’annoncer une importante levée de fonds. Comment présenteriez-vous en quelques mots votre société et la mission qu’elle s’est donnée ?

Candice François (Igonogo) : Aujourd’hui, Igonogo compte plus de 50 clients dans des secteurs variés. Plus de 5000 études ont été réalisées à partir d’Igonogo, ce qui correspond à environ 500 000 répondants.

Notre mission est de contribuer à une meilleure connaissance des consommateurs, en complétant la donnée déclarative pour réduire le fameux écart entre ce que les gens disent dans les études et ce qu’ils font réellement. Cette volonté n’est pas nouvelle en soi, mais traditionnellement, pour aller au-delà du déclaratif, il faut soit des dispositifs de laboratoire complexes à déployer, coûteux, soit des capteurs intrusifs et peu engageants pour les répondants. Notre force est d’avoir adapté ces approches scientifiques de manière fluide et accessible. Nous captons les mouvements qu’effectuent les répondants pendant l’enquête, que ce soit avec leur doigt sur smartphone, tablette ou une souris sur ordinateur. Et nous savons analyser la dynamique de ces mouvements. C’est ce qui nous permet de compléter les informations déclarées, puisque nous recueillons aussi ce que les répondants ne disent pas, et leur engagement.

Nous captons les mouvements qu’effectuent les répondants pendant l’enquête, que ce soit avec leur doigt sur smartphone, tablette ou une souris sur ordinateur. Et nous savons analyser la dynamique de ces mouvements. C’est ce qui nous permet de compléter les informations déclarées, puisque nous recueillons aussi ce que les répondants ne disent pas, et leur engagement.

Vous êtes, Florian Loeser et vous-même, des spécialistes des neurosciences un domaine qui suscite jusqu’ici un engouement assez irrégulier de la part des professionnels du marketing….

C’est vrai. En réalité, les spécialistes du marketing savent depuis longtemps que les émotions sont clés dans la réussite des produits, des services et des marques. Sauf que les technologies permettant de les capter étaient jusque-là complexes et coûteuses comme nous venons de l’évoquer. Et, par ailleurs, il y avait une vraie difficulté à savoir quoi faire de toutes ces nouvelles mesures issues de ces dispositifs. La réussite d’Igonogo tient précisément au fait que nous avons contribué à démocratiser les neurosciences, et à rendre leurs éclairages bien plus exploitables.

Je précise que notre logiciel n’intervient pas en add-on. Il permet bien d’héberger l’ensemble du questionnaire, ce qui est un gage de simplicité et de fluidité. Nous analysons la dynamique des mouvements des répondants avec des questions simples que nos clients ont l’habitude d’utiliser. Cela leur permet de conserver leurs KPI existants avec la fiabilité apporté par Igonogo, sans avoir besoin d’une étude supplémentaire. 

Notre logiciel n’intervient pas en add-on. Il permet bien d’héberger l’ensemble du questionnaire, ce qui est un gage de simplicité et de fluidité.

Plus précisément, comment mettez-vous ces dispositifs et ce savoir-faire à disposition de vos clients ? Et pour quels types d’études ceux-ci font-ils particulièrement sens ?

Nous sommes aujourd’hui clairement positionnés en tant qu’éditeur de logiciels, avec une offre en abonnement pour les annonceurs, et plus récemment aussi pour les instituts. Nous avons pris conscience de l’intérêt qu’ont les entreprises à internaliser certaines études relativement répétitives – des tests produits par exemple – où ce sont souvent les mêmes indicateurs qui sont suivis d’une mesure à une autre. Et du fait que nous étions à même de leur apporter des avantages importants. Nous leur permettons d’avoir un éclairage consommateur complet, pour les raisons que nous avons évoquées, ce qui sécurise la qualité de la décision marketing. Mais aussi de bénéficier de beaucoup de fluidité et d’agilité, notre solution leur permettant, à iso budget, de réaliser plus d’études. Plutôt que de devoir faire des choix sur quels produits – ou plus largement quelles propositions – tester, ils peuvent potentiellement tous les tester.

Nous permettons (aux entreprises) d’avoir un éclairage consommateur complet, pour les raisons que nous avons évoquées, ce qui sécurise la qualité de la décision marketing. Mais aussi de bénéficier de beaucoup de fluidité et d’agilité, notre solution leur permettant, à iso budget, de réaliser plus d’études.

Donc des tests de produits ou de concepts essentiellement ?

Oui, cela fait partie des domaines les plus « évidents », en incluant les tests sensoriels. Mais, en réalité, nos solutions peuvent être utilisées sur une grande variété de problématiques. C’est le cas pour le pricing en particulier, dans le prolongement naturel des tests produits. Mais elles fonctionnent aussi très bien sur des enjeux de satisfaction et d’expérience client. Si je vous interroge au sujet d’un service coûteux, un voyage par exemple, vous serez probablement peu enclin à déclarer votre insatisfaction. En réalité, notre approche est particulièrement utile lorsque les consommateurs sont sujets à des phénomènes de dissonance cognitive. Ce qui est fréquent !

Notre approche est particulièrement utile lorsque les consommateurs sont sujets à des phénomènes de dissonance cognitive. Ce qui est fréquent !

Igonogo a bien réussi son lancement. Mais cette année 2025 ne marque-t-elle pas une inflexion stratégique pour votre société ?

Oui, nous avons en effet ‘shifté’ notre positionnement depuis le début d’année. Jusqu’à récemment, nous intervenions aussi beaucoup en tant que co-analyste pour aider nos clients à l’interprétation des scores. Aujourd’hui, nous transmettons cette expertise pour qu’ils soient autonomes, en assumant notre statut d’éditeur. Nous ne sommes pas en concurrence avec les instituts, nous avons vocation à être une solution pour eux. Notre enjeu de fond reste néanmoins inchangé : nous devons mettre en avant qu’il est à la fois pertinent et possible de compléter les données déclarées pour aider les entreprises à prendre les meilleures décisions possibles. Nous devons également démocratiser l’idée que certaines études sont pertinentes à faire soi-même. Il y a des marchés plus matures : aux US par exemple, au TMRE – l’équivalent du printemps des études – il y a plus de 60% d’éditeurs de logiciels parmi les exposants. En France, c’est 10% maximum. Les USA ont sans doute au moins 5 ans d’avance sur l’Europe…

Nous avons ‘shifté’ notre positionnement depuis le début d’année. Jusqu’à récemment, nous intervenions aussi beaucoup en tant que co-analyste pour aider nos clients à l’interprétation des scores. Aujourd’hui, nous transmettons cette expertise pour qu’ils soient autonomes, en assumant notre statut d’éditeur.

Vous venez d’effectuer une levée de fonds de 4M€. À quoi celle-ci va-t-elle servir en priorité ?

Elle va servir à la fois l’évolution de notre solution logicielle, l’ouverture de nouveaux marchés et une structuration plus solide de notre activité.

Sur la composante Logiciel, nous voulons décliner cette logique de captation et d’analyse des mouvements sur de plus en plus de typologies de questions existantes, partout où notre technologie apporte de la valeur. Nous l’avons fait sur du produit 3D, sur du binaire « façon Tinder », sur des échelles standard, mais il y en a encore beaucoup à imaginer. S’agissant des marchés, nous nous intéressons par exemple aux US, en accompagnant nos clients internationaux.

Nous avons également tout un pan d’investissement sur le volet satisfaction client avec des équipes CSM – souvent des experts études – qui accompagnent nos clients dans la formation, la prise en main, l’apport méthodologique. Quand vous grossissez vite, il faut s’occuper de vos clients toujours aussi bien… Et, plus largement, mettre en place des process internes maîtrisés, avec des personnes qui en ont l’expérience. C’est ce que nous sommes en train de faire.

Cette levée de fonds va servir à la fois l’évolution de notre solution logicielle, l’ouverture de nouveaux marchés et une structuration plus solide de notre activité.

Voyez-vous un dernier point, des messages importants à ajouter ?

J’ai la conviction qu’une entreprise qui réussit, c’est le lieu où chacun fait ce pour quoi il est le meilleur, dans sa fameuse « zone de génie », et avec la meilleure complémentarité possible. Il est donc important pour nous de bien mettre ce principe en œuvre.

Mais c’est aussi une entreprise qui a une mission très claire. Je crois que la nôtre l’est réellement, avec cette volonté de rendre accessible à tous une donnée plus complète. Les neurosciences ne sont pas une fin en soi. Ce qui compte, c’est de permettre aux entreprises de prendre de meilleures décisions en ayant accès à une information plus fiable, qui réconcilie ce que les gens disent et ce qu’ils font réellement. Cette vision va nous occuper encore pour de belles années !


 POUR ACTION 

• Echanger avec l’interviewé(e) : @ Candice François

Vous avez apprécié cet article ? N’hésitez pas à le partager !

CET ARTICLE VOUS A INTÉRESSÉ ?

Tenez-vous régulièrement informé de notre actualité et de nos prochains articles en vous inscrivant à notre newsletter.